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Chapitre 3 : le manche

From lutherie-guitare.org

Chapitre présentant la fabrication du manche d'une guitare classique

Mise aux dimensions (usinage) du manche[edit | edit source]

Voir l'article détaillé : Usinage du manche.

Les dimensions du manche brut pour une guitare classique sont de 620mm 80mm * 20mm.

Les dimensions à utiliser pour la réalisation du talon sont d'environ : environ 300mm * 80mm * 25mm

Prévoyez donc un morceau pour le manche de 1000mm * 80mm * 25mm pour avoir de quoi faire le talon dans la même pièce que le manche. Sinon, le talon peut être réalisé par exemple avec quatre pièces de 20mm au lieu de trois de 25mm.

Schéma du manche brut

jonction de la tête et du manche[edit | edit source]

Voir l'article détaillé : Jonction de la tête et du manche.

La tête et le manche sont réalisés à partir du même bloc.

collage de la tête et du manche

Collage du placage de tête[edit | edit source]

Voir l'article détaillé : collage du placage de tête.
placages de tête

En général, pour les guitares classiques, plusieurs placages, sont superposés afin de réaliser un liseré de décoration (Ceci est moins vrai pour les guitares folks où un placage simple est souvent utilisé).

Il faut d'abord réduire l'épaisseur de la tête par le dessus à 19mm partout, puis coller les placages en faisant attention à ce qu'ils ne glissent pas. On les laisse volontairement dépasser de chaque côté afin de les affleurer parfaitement par la suite. On les fait également dépasser de quelques millimètres au niveau du sillet.

lors de la découpe du placage au niveau du sillet, il faut faire attention à ce que l'angle formé entre le placage et le manche soit de 90°. Autrement dit, la coupe du placage est perpendiculaire au manche et non à la tête.

On peut également coller un placage sous la tête afin de cacher le joint parfois inesthétique selon l'endroit où il se trouve.

Détourage de la tête[edit | edit source]

Voir l'article détaillé : Détourage de la tête avec une fraise à copier.

Le détourage de la tête peut se faire à la main (rabot, râpe, lime, papier à poncer) ou avec une fraise à copier en suivant un gabarit. Dans le cas de l'utilisation d'un rabot à main (rabot de paume), il faut enlever un peu de matière au niveau du "cou" afin de se dégager un passage pour le rabot. La forme de la tête est au préalable reportée le long de l'axe de chaque côté avec son demi-gabarit. Elle est tracée de la même manière sur la face inférieure de la tête. Pour une meilleure visibilité, le demi-gabarit peut être collé sur la tête au ruban adhésif double face :

Il est important que les chants de la tête soient parfaitement perpendiculaires au plat de cette dernière. Une technique pour arriver à ce résultat peut être de raboter en biais de chaque côté du chant jusqu'au trait et de réduire ensuite le milieu, en contrôlant fréquemment l'angle formé avec une équerre.

Perçage des trous pour les mécaniques[edit | edit source]

Voir l'article détaillé : Perçage des trous pour les mécaniques.

On peut utiliser pour cela un guide de perçage afin d'être précis.

perçage des trous des mécaniques

Perçage des ouvertures de la tête[edit | edit source]

Voir l'article détaillé : Perçage des ouvertures de la tête avec une affleureuse.

Les ouvertures de la tête peuvent être réalisées avec une affleureuse ou entièrement à la main (perceuse à chaque extrémité puis scie à copier, et enfin râpe, lime...).

Dans ce cas, les trous aux extrémités de chaque ouverture sont réalisés au diamètre final (15 mm), puis la partie centrale est évidée progressivement.

On trace pour cela un trait qui rejoint les trous ; pour les bois sombres et denses comme le palissandre, on peut aussi utiliser du ruban adhésif et avoir ainsi un "tracé" plus visible et bien net.

Le tracé est approché avec une scie à copier, en prenant soin de rester à l'intérieur du trait, puis la forme finale est atteinte progressivement avec une lime.

Ouvertures de la tête realsiées

Réalisation du talon[edit | edit source]

Voir l'article détaillé : Réalisation d'un talon de guitare classique façon Robert BOUCHET.

Le talon est généralement fait d'un empilement de 3 à 4 épaisseurs de bois, provenant généralement aussi du même bois que le manche. Il peut s'agir aussi d'un bloc d'un seul tenant que l'on trouve vendu séparément du manche chez les fournisseurs de bois de lutherie.

Il est composé de deux parties : la partie arrière, le pied de manche, qui sera dans la caisse et la partie visible, le talon à proprement parler. Des rainures de chaque côté et séparant ces deux parties, exactement à l'emplacement de la douzième frette permettent de maintenir les éclisses en place.

exemple de talon en cours de réalisation

Ressources[edit | edit source]

Rainures pour les éclisses façon Romanillos[edit | edit source]

Une vidéo de Pablo Requena :

Les erreurs à éviter[edit | edit source]

Le traçage

Avant collage, une fois les deux parties du manche coupées, le passage au rabot est indispensable. Quand on débute, suivre le tracé avec la scie n'est pas aussi facile qu'il y parait, avec pour conséquence, la nécessité d'enlever une grande quantité de matière au rabot, surtout si on le coupe en deux fois (après retournement de la pièce).

La quantité enlevée pour parfaire le joint réduira d'autant la longueur disponible pour la tête.

Il est donc préférable de se laisser de la marge disponible pour palier à cet inconvénient. Lors du débit du manche faire la découpe en angle de la tête, finir le joint de collage et ensuite seulement couper l'extrémité qui formera le talon. Cela permettra de se laisser une marge.

Le collage :

Beaucoup de problèmes de tenue dans le temps ou de glissement de pièces etc. viennent en premier lieu d'un mauvais collage. il ne faut pas mettre trop de colle ( risque de glissement et joint de colle trop épais) mais aussi ne pas serrer trop fort (risque de joint de colle trop faible). Dans la filière bois, on parle de joint gras ou joint maigre.

Afin de vous familiariser avec la quantité de colle à mettre, faites plusieurs essais. Un bon test est de prendre deux chutes de bois (à peu près 20 mm d'épaisseur) ; d'encoller et de serrer et immédiatement ; de séparer les pièces. Vous vous apercevrez alors que la quantité de colle nécessaire sur les pièces est tout de même faible.

De plus, en mettant la colle au plus juste cela fera moins de coulures et donc moins de nettoyage etc. Un bon collage c'est aussi un bon ponçage, il faut rayer les surfaces en contact, donc exit les P240 ,P320 avant collage, préférez les P80, P120 (taille du grain du papier à poncer).

Attention aussi que pour tout collage, celui-ci ne doit pas "arranger" les erreurs : des pièces qui ne jointent pas doivent être retravaillées avant collage même si "en forçant" le joint semble correct. Une simple pression légère exercée avec la main ne doit laisser apparaître aucun jour.