tap tuning : quézaco ?

Si vous vous intéressez d’un peu près à la lutherie, vous avez sans doute entendu parler du « tap tuning ».

Cumpiano, auteur du livre Guitar Making : tradition and technology, a un avis assez réservé sur le sujet, c’est ce qu’il explique en détail dans sa newsletter.

Bon, mais tout le monde ne parle pas Anglais, et tout le monde ne sait pas forcément à quoi correspond le « tap tuning ». Il s’agit d’accorder les différentes parties de sa guitare sur une note voulue afin qu’elle réponde mieux sur la fréquence choisie.

Une définition simple peut être trouvée ici : http://community.berea.edu/guitarresearch/Tap%20Tuning.html

En substance, si vous ne lisez pas l’Anglais, il est dit que lorsqu’on frappe une pièce de bois, cette dernière émet un son à une fréquence particulière qui peut être mesurée. En théorie, les différentes parties de la guitare peuvent donc être ajustées afin qu’elles entrent en harmonie.

Au passage, les auteurs, qui ont essayé d’objectiver au maximum la méthode par des mesures précises, terminent leur article en précisant que les mesures qu’ils ont faites varient beaucoup selon l’endroit où est tenue la pièce à tester, si petite la zone de maintient soit-elle. Ils émettent donc des doutes sur la fiabilité du tap-tuning.

Comme je le disais en introduction, Cumpiano semble particulièrement septique également. Il cite Roger Siminoff, fervent défenseur du tap-tuning :

« Si vous « accordez » les différentes parties de la guitare sur les notes d’un certain accord, l’instrument va acquérir les caractérisitque ou les qualités de cet accord. Par exemple, si vous accordez les parties de la guitare en do majeur, elle devrait acquérir un le son brillant et joyeux que l’on connait au do majeur »

Il prend tout de suite ses distances en précisant que les idées de Siminoff, bien que développées depuis plus de vingt ans, n’ont jamais été suivies ni vraiment comprises par quelque luthier qu’il connaisse.

Après avoir reconnu que l’idée est tentante, particulièrement pour les débutants et qu’il a lui même succombé au chant des sirènes du tap-tuning au début de sa carrière, Cumpiano tempère en ajoutant qu’il n’a rencontré que très peu de luthiers qui aient obtenu des résultats convaincants.

Il avance qu’il n’y a pas de méthode unique en matière de tap-tuning, et même qu’il y a autant de méthodes que de pratiquants. Aucun des défenseurs de cette technique n’a été en mesure de lui expliquer objectivement pourquoi il procédait de telle ou telle manière.

A la fin de l’article, il dresse une liste des points qu’il considère important pour avoir de la constance dans le son de ses guitares :

le choix de la table d’harmonie brute est crucial,

la mise à épaisseur précise est très importante, de toutes petites variations affectent le son de l’instrument fini,

La structure de la guitare doit être légère

Respecter au départ scrupuleusement les épaisseurs fournies sur le plan d’une guitare qui a la réputation d’avoir un excellent son, s’en éloigner éventuellement progressivement jusqu’à obtenir un instrument plus personnel.

Réaliser la guitare avec le plus de précision possible : qui est plat doit être plat, les joints doivent être précis etc. !

Dominique Field n’accorde pas non plus sa table d’harmonie pour une raison qui paraît assez juste : « la table en vieillissant se détend et baisse de tonalité […] et les fréquences changent » (Orfeo magazine N° 7)

 

 

 


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Pour des explications plus complètes sur la fabrication de la guitare, consultez le wiki !

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